Accès au pâturage Fin des boviducs, les vaches devront apprendre à passer au feu vert
Les boviducs devraient bientôt disparaître car devenus interdits. Il faudra alors faire traverser les animaux par la route. Pour cela, les éleveurs devront mettre en place des feux tricolores et éduquer leurs vaches pour traverser au feu vert. Un éleveur laitier du Finistère a testé cette innovation et assure que cela rend son troupeau plus autonome.
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Article complété le 1er avril à 18h20 : Vous l'aurez compris, il s'agit de notre poisson d’avril 2019 ! Ne vous en faites pas, les boviducs sont actuellement toujours autorisés et il n’y a eu aucun accident de ce type dans les Côtes d’Armor. L’idée était avant tout de blaguer mais peut-être que la dernière partie aura l’avantage de faire réfléchir certains consommateurs un peu trop exigeants. Merci pour vos messages et commentaires toujours plus nombreux. N’hésitez pas à nous glisser vos idées pour 2020 ;)
Après l'effondrement d'un boviduc ayant paralysé un axe très emprunté des Côtes-d'Armor en septembre dernier, le ministère de l'agriculture (après avoir testé plusieurs hypothèses) a pris ce lundi un arrêté pour interdire la construction de ce type de tunnel et mettre fin à l'utilisation de ceux déjà construits.
Les vaches devront apprendre à lire le feu tricolore
Dans un communiqué, le ministère explique : « Les aménagements de type "boviduc" visant à faire passer les animaux sous les routes représentent un danger pour la sécurité routière. Ainsi, il est désormais formellement interdit de construire ou d'utiliser ces tunnels. Le passage des animaux devra se faire par la route. Pour cela, l'éleveur devra aménager un carrefour avec des feux tricolores. »
L'aménagement du carrefour devrait s'avérer moins coûteux qu'un boviduc. Victor, éleveur laitier du Finistère, teste ce dispositif depuis six mois : « J'ai acheté quatre feux tricolores pour 6 000 €. Cela m'aurait coûté plus du double si j'avais construit un tunnel. De plus, les aides peuvent couvrir jusqu'à 50 % de l'investissement total (aides régionales et fond spécial du ministère de l'intérieur pour la sécurité routière). J'ai donc placé deux feux sur la route pour les voitures, un à la sortie du corps de ferme et un autre de l'autre côté de la route dans la pâture. Pour les automobilistes, il n'y a aucun problème : ils s'arrêtent et sont même contents de voir passer les vaches. Par contre, il a fallu que j'apprenne aux vaches à respecter la signalisation. »
Un "bouton piéton" sur lequel les vaches appuient avec leur museau pour faire passer le feu au vert.L'éleveur a alors suivi une formation et a éduqué ses vaches à reconnaître deux couleurs : le rouge et le vert. « L'apprentissage s'est fait avec un fil électrique qu'on mettait en place lorsque le feu était rouge et qu'on enlevait lorsqu'il passait au vert. Elles ont vite compris le fonctionnement. On leur a aussi appris à "appeler" le feu vert. Comme sur certains passages piétons, les feux sont équipés de boutons poussoirs pour les faire passer au vert. C'était indispensable car je suis en traite robotisée et les vaches doivent pouvoir aller et venir du champ au bâtiment comme bon leur semble. » Ainsi, les vaches de Victor savent désormais appuyer sur le bouton avec leur museau pour faire passer le feu au vert et pouvoir traverser la route.
« On veut du pâturage oui mais... »
Après cette phase de test concluante, ce système de carrefour à vaches devrait être mis en place dans de nombreux villages de France. Antoine élève près de 400 vaches laitières et leur suite dans le Calvados. Ce Gaec regroupant trois élevages est régulièrement pointé du doigt de par sa taille. Jusqu'alors, les vaches ne pâturaient pas.
« Les terres pâturables se situent de l'autre côté de la route. Cet axe est emprunté par près de 5 000 véhicules chaque jour. Il aurait fallu qu'on embauche du personnel dédié à arrêter les voitures », explique l'éleveur. Avec ce nouveau système, les vaches seront autonomes et prioritaires : les feux obligeront les voitures à s'arrêter six fois par jour (car trois traites/jour). « Après avoir été catégorisés de ferme usine, nous allons changer de bord et pourrons même passer en filière "lait de pâturage". Là, on répond aux attentes des consommateurs ! »
Faire traverser la route aux vaches plusieurs fois par jour va créer d'importants embouteillages sur les grands axes.Pourtant, les habitants des communes alentours sont mitigés : « Cela va créer d'énormes files de voitures ! » Un opposant à l'exploitation d'Antoine revient même sur ses positions : « Finalement, en tant que consommateurs, on est prêt à faire une croix sur le pâturage car ça va nous faire perdre trop de temps sur les routes chaque jour. Tant pis si les vaches restent en bâtiment toute l'année ! » Trop tard, Antoine et ses associés ont déjà lancé les démarches. Ils devraient commencer une formation en mai prochain pour apprendre le fonctionnement du carrefour aux vaches.
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